P.O.S. #1 [PLAN D’OCCUPATION DES SOLS

[performance_2022]



“La véritable générosité de l’hôte ne consiste pas à inviter quelqu’un ou quelque chose à occuper un espace, mais à inviter une transformation de l’espace. C’est l’espace lui-même qui doit faire l’invitation, en se laissant profondément changer par les choses qu’il accueille”.

Mark Wigley, Constant’s New Babylon. The Hyper-Architecture of Desire, Rotterdam, Witte de With Center for Contemporary Art: 010 Publishers, 1998, page 122


︎[English below]


Le P.O.S. #1 a eu lieu le 4 juin 2022 au théâtre Louis Aragon (scène conventionnée d’intérêt national art et création - danse).
Conception de la performance : Collectif MOUVEMENT(s)
Avec la complicité chorégraphique de Nathalie HERVÉ
Performeur·ses : Christian DACLINAT – Aimée DUBUISSON - Corinne DUTHEIL – Francelyse FALEYRAS – Nathalie HERVÉ – Fanny INGRASSIA – Abdelaziz KHERFI – Marina LEDREIN – Baky MEGUENNI – Manalios OOCHIT – SPIRALE PRODUCTION
Création sonore : Fanny INGRASSIA – Benoit NAVARRET
Partenaires : Théâtre Louis Aragon (scène conventionnée d’intérêt national art et création - danse) - Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis (le projet est lauréat de l’appel Agir IN Seine-Saint-Denis 2021) - Fondation Banque populaire Rives de Paris - Université Paris 8 Saint-Denis - Laboratoire MUSIDANSE - CENTQUATRE, Paris
Durée de la performance : 1h15





Contexte et genèse du projet


Le projet est réalisé en co-création avec le collectif MOUVEMENT(s). Composé d’usagers, de soignantes et d’artistes, il est installé à l’hôpital psychiatrique Robert Ballanger (93) depuis 2017. Le collectif est pensé comme un laboratoire de création au cœur de l’hôpital. Inscrit dans les champs de la création chorégraphique et des arts visuels, il a pour objectif d’imaginer des modules de réflexion et de création autour de la vie en psychiatrie.
En mars 2020, dans le contexte de la crise sanitaire, la fermeture des espaces collectifs et des services d’hospitalisation opère un recul des droits et des libertés très inquiétant pour les usager·e·s ainsi qu’une dégradation des conditions de travail pour le personnel soignant. Dans un tel contexte de redoublement de l’enfermement et d’effondrement des pratiques, les membres du collectif se sont interrogés sur la manière dont il est encore possible d’habiter l’hôpital et d’imaginer des circulations possibles hors les murs, dans la cité.
En 2021, à la suite de son entrée en doctorat de recherche-création, Marina Ledrein associe au projet le théâtre Louis Aragon (scène conventionnée d’intérêt national art et création - danse), le CENTQUATRE – Paris, l’Université Paris 8 et le laboratoire de recherche MUSIDANSE.


︎ A propos du collectif MOUVEMENT(s)


Une déambulation dansée


Initialement, un Plan d’Occupation des Sols est un document cartographique dressé par les services d’urbanisme d’une commune. Il arrêtait les règles d’utilisation de son sol, découpant notamment ceux-ci en plusieurs zones distinctes ayant chacune une affectation dominante.
La notion d’occupation renvoie aussi directement à une prise de possession temporaire d’un espace, elle contient en filigrane une volonté de réappropriation et rappelle ce que les activistes américain·es appellent « reclaim », se réapproprier non pas une position d’autorité mais la capacité de sortir de l’impuissance, de résister à ce qui l’a fabriquée. Faisant écho aux occupations de théâtres et lieux culturels liées au contexte de la crise sanitaire, le choix du mot renvoie aux objectifs fixés par un contexte d’occupation : comment faire entendre une question ? Quels espaces de négociations pour celles et ceux qui subissent l’enfermement ?
Le P.O.S. dont il est question ici prend la forme d’une déambulation dansée et guidée par les membres du collectif MOUVEMENT(s) et les artistes associés dans tous les espaces de la structure-hôte qui l’accueille. Le P.O.S. se transforme et se déploie en fonction du lieu qui l’accueille. Dispositif chorégraphique mais aussi plastique et sonore, le POS cartographie de manière sensible un discours à plusieurs voix sur la psychiatrie entre désir de renouer avec la fonction hospitalière de l’hôpital et désir de recréer des circulations entre lieux de soin et lieux de vie.
En juin 2022, il s’est installé pour la première fois dans les espaces du théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France. Le hall d’entrée, les couloirs, le studio de répétition, le parvis ou encore le plateau se sont successivement transformés en zones d’écoute, de crise, d’amour, d’anesthésie, etc.




The P.O.S. #1 took place on June 4, 2022 at the Louis Aragon theater (scène conventionnée d'intérêt national art et création - danse).

Conception of the performance: Collectif MOUVEMENT(s)
With the choreographic complicity of Nathalie HERVÉ
Performers: Christian DACLINAT - Aimée DUBUISSON - Corinne DUTHEIL - Francelyse FALEYRAS - Nathalie HERVÉ - Fanny INGRASSIA - Abdelaziz KHERFI - Marina LEDREIN - Baky MEGUENNI - Manalios OOCHIT - SPIRALE PRODUCTION
Sound creation: Fanny INGRASSIA - Benoit NAVARRET
Partners: Théâtre Louis Aragon (scène conventionnée d'intérêt national art et création - danse) - Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis (the project is a winner of the Agir IN Seine-Saint-Denis 2021 call) - Fondation Banque populaire Rives de Paris - Université Paris 8 Saint-Denis - Laboratoire MUSIDANSE - CENTQUATRE, Paris
Duration of the performance: 1h15


Context and genesis of the project


The project is realized in co-creation with the collective
MOUVEMENT(s). Composed of users, caregivers and artists, it is installed at the psychiatric hospital Robert Ballanger (93) since 2017. The collective is conceived as a creative laboratory in the heart of the hospital. Inscribed in the
fields of choreographic creation and visual arts, its objective is to imagine modules of reflection and creation about life in psychiatry.
In March 2020, in the context of the health crisis, the closure of collective spaces and hospitalization services will lead to a very worrying reduction in rights and freedoms for users, as well as a deterioration in working conditions for care staff. In
such a context of redoubling of the confinement and collapse of the practices, the members of the collective questioned themselves on the way in which it is still possible to habitate the hospital and to imagine possible circulations outside the walls, in the city.
In 2021, following her entry into a research-creation doctorate, Marina Ledrein associates to the project the theater Louis Aragon (stage of national interest art and creation - dance), the CENTQUATRE - Paris, the University
Paris 8 University and the MUSIDANSE research laboratory.

Dancing and wandering 

 
Initially, a Plan d'Occupation des Sols (Land Use Plan) is a cartographic document drawn up by the urban planning services of a commune. It determined the rules for the use of the land, dividing it into several distinct zones, each with a dominant use. The notion of occupation also refers directly to a temporary taking of possession of a space, it contains in filigree a will of reappropriation and reminds what the American activists call "reclaim", to reappropriate not a position of authority but the capacity to come out of the powerlessness, to resist to what made it.
Echoing the occupations of theaters and cultural places linked to the context of the health crisis, the choice of the word refers to the objectives fixed by a context of occupation: how to make an issue heard? What spaces of negotiation for those who suffer the confinement? The P.O.S. that we are talking about here takes the form of a wandering and guided by the members of the collective MOUVEMENT(s) and the
associated artists in all the spaces of the host structure which welcomes it. The P.O.S. transforms and unfolds according to the place that hosts it. Choreographic device, the POS maps in a sensitive way a discourse with several voices on psychiatry between desire to renew with the hospital function and desire to recreate circulations between places of care and places of life. In June 2022, it was installed for the first time
in the spaces of the Louis Aragon theater in Tremblay-en-France. The entrance hall, corridors, the rehearsal studio, the forecourt and the stage were successively transformed into zones of listening, crisis, love, anesthesia, etc.