2023-2 | 2025![]()
Pratiques Situées.
Critique en action des modes de production du savoir universitaire
Écrire les gestes collectifs : les journaux du P. O. S.
Writing Collective Gestures: P. O. S. Journals
Artiste-chercheuse et membre du collectif MOUVEMENT(s), créé et composé par les usagers et (ex)soignantes de l’hôpital psychiatrique Robert Ballanger à Aulnay-sous-Bois (93), je souhaite, dans cet article, interroger les possibilités d’une élaboration collective de la recherche et la façon dont il est possible de mettre en partage les outils et les manières de faire pour co-construire les savoirs. En restant dans l’espace de l’atelier de danse, l’article met en dialogue une matière au plus près des pratiques en s’appuyant sur des extraits des journaux de bord de la performance P. O. S. [Plan d’Occupation des Sols] : à la fois extraits de mon journal de bord et des journaux coécrits avec le collectif MOUVEMENT(s). Assumant la dimension fragmentaire, affective et incomplète, ces extraits entre notation, transcription et témoignage sont le fruit d’une écriture qui prolonge le travail du regard et de la sensation en atelier. Ces écritures font émerger les situations sur lesquelles s’élabore ensuite la pensée critique, à la fois celle que j’engage dans ma recherche de doctorat, et celle, mise en partage, au sein du collectif.
︎ LIEN VERS L’ARTICLE
Architectures sensibles. Un hôpital psychiatrique à l’épreuve de l’expérimentation dansée.
thèse de doctorat - soutenue le 8 novembre 2025, Ménagerie de Verre
Sous la direction d’Isabelle Ginot & Catherine Perret
︎ Petit guide de soutenance. Pour ma famille, mes ami·es et toute personne peu familière du milieu universitaire et qui découvre ma recherche (document à disposition du public le jour de la soutenance)


Résumé (FR)
Prenant pour point de départ une réflexion sur l’architecture psychiatrique et les spatialités en danse, cette thèse — ancrée dans le travail du collectif MOUVEMENT(s), composé d’usager·ères en psychiatrie, de soignant·es, de ch
ercheur·es et d’artistes
chorégraphiques (dont je fais partie en tant qu’artiste et chercheuse) — interroge l’objectif central du groupe : mobliser la pratique dansée comme méthode d’investigation du lieu. La thèse retrace et analyse en particulier les processus et pratiques engagés pour la performance Plan d’Occupation des Sols #1, co-créée et présentée au Théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France en 2022.
Dans un contexte psychiatrique inhospitalier, où les facultés de sentir, de percevoir et d’imaginer se trouvent entravées, elle propose d’explorer, à partir de l’analyse de pratiques dansées, différentes qualités d’espace que je nomme architectures sensibles, afin de les
distinguer des architectures-limites marquées par les politiques du mur qui prolifèrent dans nos sociétés contemporaines. Ces architectures sensibles déplacent l'attention vers une écoute du milieu et de sa matérialité propre. Depuis le geste, elles modulent une exploration
de l'espace du sentir et permettent ainsi l'émergence du commun.
L'atelier de pratique est pensé comme un espace d'amplification des expériences depuis lequel la thèse interroge aussi bien les possibilités d'une coproduction des savoirs (artistiques comme politiques) que les conditions d'une écoute possible de ces savoirs et de leur dimension critique dans un tel contexte.
La thèse pose l'hypothèse que cet espace du milieu — aussi celui de l'espace du geste — est celui depuis lequel se bâtissent les espaces de confiances (symbolique et pratique) à différentes échelles micro- et macro- politiques. Elle défend l'urgence d'une reconceptualisation de la confiance dans son articulation avec le sentir. Ces espaces de
confiance sont ceux depuis lesquels il devient possible de s'engager dans l'action collective mais aussi de défaire les assignations statutaires (patient·e, soignant·e, etc.) en imaginant d'autres rôles.
Cette démarche de recherche-création s'appuie également sur la littérature sur les gestes d'écriture de la recherche et s'inscrit dans des questionnements épistémologiques en articulant plusieurs écritures et pratiques é ditoriales. L 'écriture diariste, les lectures complices de la recherche et les journaux de la performance Plan d'Occupation des Sols
tentent ainsi de rendre compte d'une vivacité critique du collectif.
abstract (EN)
Taking as its starting point a reflection on psychiatric architecture and the spatialities of dance, this thesis —grounded in the work of the MOUVEMENT(s) collective, composed of psychiatric users, carers, researchers, and choreographic artists (of which I am a member
as an artist and researcher)— investigates the group’s central aim: to mobilize dance practice as a met
hodological approach to site investigation. The dissertation specifically traces and analyzes the processes and practices involved in creating Plan d’occupation des
sols #1, a performance co-created by the collective and presented at the Théâtre Louis Aragon in Tremblay-en-France in 2022.
In a psychiatric context that is inhospitableand where the faculties of sensing, perceiving, and imagining are hindered, she proposes to explore, through the analysis of dance practices, different qualities of space that I refer to as sensitive architectures, in order to distinguish them from limit-architectures shaped by wall policies that proliferate in our contemporary societies. Sensitive architectures shift our attention toward the environment and its inherent materiality. Through movement and gesture, they open an exploration of sensing, enabling the emergence of the common.
The work of the collective, conceived as a space for amplifying experiences, is the point of departure from which this thesis explores both the co-production of knowledge— artistic and political—and the conditions under which in this context such knowledge can be heard and its critical dimension understood. The dissertation hypothesizes that inside of this space between — which is also the realm of gesture — symbolic and practical configurations of trust can be built on micro- and
macro-political scales. It argues for the urgent need to reconceptualize trust in relation to sensing. These spaces of trust are what make it possible to engage in collective action and, at the same time, to undo assigned roles (such as patient, caregiver, etc.) by imagining new
ones.
This process of research-creation also draws on literature concerning the gesture of research writing and engages in epistemological inquiry by interweaving various writing and editorial practices. The diaristic writing, research readings, and journals from the Plan d'Occupation des Sols performance aim to reflect the collective’s critical vitality.
_P.O.S.#2_édition
[2022-2023]
Ce journal est un des éléments constitutifs
du P.O.S. #2 [Plan d’Occupation des Sols] imaginé par le
Collectif MOUVEMENT(s) au CHI Robert Ballanger (Aulnay-sous-Bois)
le 31 mai 2023.
Le P.O.S. prend différentes formes : objets éditoriaux, performance, installations.
Direction éditoriale : Marina Ledrein & La Martiennerie
Textes : Didier Martineau – Thomas
Benhamou (Le souffle)
Dessins : Spirale Production
Entretiens menés par Didier Martineau et
Marina Ledrein
Avec les performeur·ses du P.O.S. #2 : Thomas BENHAMOU - Malvina BOMPART - Christian DACLINAT - Aimée DUBUISSON - Corinne DUTHEIL -David GONGUI - Fanny INGRASSIA - Didier MARTINEAU - Baky MEGUENNI - Nathalie HERVE - SPIRALE PRODUCTION - Alice ROLAND
Ce travail a bénéficié
d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du
Programme d’Investissements d’Avenir portant la référence ANR-17-EURE-0008
_P.O.S.#2_performance
[2022-2023]

Conception de la performance : Collectif MOUVEMENT(s)
Performeur·se·s :
Thomas BENHAMOU - Malvina BOMPART - Christian DACLINAT - Aimée DUBUISSON - Corinne DUTHEIL - David GONGUI - Fanny INGRASSIA - Didier MARTINEAU - Baky MEGUENNI - Nathalie HERVE - SPIRALE PRODUCTION - Alice ROLAND
Création sonore : Fanny INGRASSIA – Benoit NAVARRET - Antje LHERY
Création lumière : Némo A. GAULON Costumes : Gemeureuses du Groupe d’Entraide Mutuelle Les Envolées
Partenaires :
Université Paris 8 Saint-Denis, Laboratoire MUSIDANSE, ArTec, Banque populaire -Rives de Paris, Agir! In Seine-Saint-DenisLe P.O.S. [Plan d’Occupation des Sols] est un dispositif performatif
nomade imaginé par le collectif MOUVEMENT(s).
Initialement, un Plan d’Occupation des Sols est un document cartographique dressé par les services d’urbanisme d’une commune. Il arrêtait les règles d’utilisation de son sol, découpant notamment ceux-ci en plusieurs zones distinctes ayant chacune une affectation dominante. La notion d’occupation renvoie aussi directement à une prise de possession temporaire d’un espace, elle contient en filigrane une volonté de réappropriation et rappelle ce que les activistes américain·es appellent « reclaim », se réapproprier non pas une position d’autorité mais la capacité de sortir de l’impuissance, de résister à ce qui l’a fabriquée.
Le P.O.S. prend la forme d’une déambulation dansée et guidée par les membres du collectif MOUVEMENT(s) dans tous les espaces de la structure-hôte qui l’accueille. Il se transforme et se déploie en fonction du lieu qui l’accueille. Dispositif chorégraphique, éditorial et sonore, Il cartographie de manière sensible un discours à plusieurs voix sur la psychiatrie et propose de créer des zones de concertations dansées ou activées par la lecture, chacune animée par un désir de renouer avec la fonction hospitalière du lieu.
En juin 2022, il s’est installé une première fois dans les espaces du théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France. En mai 2023, le P.O.S. #2 s’est déployé dans le lieu où tout a commencé : le CHI Robert Ballanger à Aulnay-sous-Bois et a proposé cette fois d’agir directement sur site en s’adressant en premier lieu à tous ses habitant·es.
Initialement, un Plan d’Occupation des Sols est un document cartographique dressé par les services d’urbanisme d’une commune. Il arrêtait les règles d’utilisation de son sol, découpant notamment ceux-ci en plusieurs zones distinctes ayant chacune une affectation dominante. La notion d’occupation renvoie aussi directement à une prise de possession temporaire d’un espace, elle contient en filigrane une volonté de réappropriation et rappelle ce que les activistes américain·es appellent « reclaim », se réapproprier non pas une position d’autorité mais la capacité de sortir de l’impuissance, de résister à ce qui l’a fabriquée.
Le P.O.S. prend la forme d’une déambulation dansée et guidée par les membres du collectif MOUVEMENT(s) dans tous les espaces de la structure-hôte qui l’accueille. Il se transforme et se déploie en fonction du lieu qui l’accueille. Dispositif chorégraphique, éditorial et sonore, Il cartographie de manière sensible un discours à plusieurs voix sur la psychiatrie et propose de créer des zones de concertations dansées ou activées par la lecture, chacune animée par un désir de renouer avec la fonction hospitalière du lieu.
En juin 2022, il s’est installé une première fois dans les espaces du théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France. En mai 2023, le P.O.S. #2 s’est déployé dans le lieu où tout a commencé : le CHI Robert Ballanger à Aulnay-sous-Bois et a proposé cette fois d’agir directement sur site en s’adressant en premier lieu à tous ses habitant·es.

12.04.2023 - discussion collective - CHI Robert Ballanger
Marina : L’idée est d’écrire un texte sur le projet du P.O.S. #2 pour le conseil départemental et j’aimerais le faire avec vous. Comment le présenter ce nouveau P.O.S. à l’hôpital ?
Didier : C’est pas dans le même espace, ce nouveau P.O.S. a lieu à l’hôpital, ce qui change beaucoup de choses et notamment de nouvelles zones peut-être plus dures que celles proposées au théâtre Louis Aragon.
Marina : Que veux-tu dire par « plus dures » ?
Didier : Rien que l’endroit déjà, le théâtre est un endroit lisse, adapté pour la danse. Ici c’est quand même un sacré bordel. C’est pas carré ici, c’est des racines partout, un sol déformé…
Christian : Oui je suis d’accord, ça relève du défi ce P.O.S.#2, ça se passe à l’hôpital et on a tous une certaine idée de ce lieu et danser dans l’hôpital c’est un défi pour moi.
Aimée : A part la salle de spectacles, tous les autres espaces sont pas destinés à accueillir des gens qui dansent. Les aspérités du sol.
Corinne : la lumière aussi, on aura pas la lumière tamisée du TLA.
Didier : C’est pas un endroit pour la culture de manière générale, mais un endroit pour accueillir des bureaux, de l’administratif.
Christian : Et du soin aussi.
Aimée : Et vous avez quand même l’impression qu’il est toujours question de soin dans ce P.O.S#2 ?
Christian : Pour moi la danse c’est une thérapie, c’est déjà un autre soin donc oui pour moi il est toujours question de soin.
Alice : Oui j’ai l’impression qu’on met en avant avec les espaces qu’on a choisi des lieux qui sont moins mis en avant par l’hôpital, je pense à cette zone des-équilibré·es ou des racines, ou encore l’ancien terrain de basket. Finalement des espaces dont on sait pas trop bien quelle est son utilisation au quotidien.
Corinne : Des espaces qui ont été abandonnés finalement, dont plus personne ne prend soin. Quand on voit le banc devant la psy A par exemple, il est complètement rouillé et affaissé.
Fabrice : A l’époque, on jouait sur le terrain de tennis, on faisait plein de trucs. C’est abandonné aujourd’hui. Et c’est des lieux de passage en réalité qui sont très occupés, en tout cas par les gens hospitalisés. J’ai jamais compris pourquoi ils avaient tout laissé comme ça.
Marina : Pour le POS 1, ce qui était beaucoup ressorti dans nos échanges c’est que c’était un partage d’expériences, partager avec un public une certaine
expérience de la
psychiatrie. Est-ce toujours le cas pour ce P.O.S.#2 ?
Didier : Je me souviens quand on a monté la tempête de Shakespeare avec le GEM, les toubibs étaient étonnés qu’on retienne autant de texte (rires). C’est aussi montrer autre chose de nous.
Marina : Il y a une adresse aux soignants ?
Christian : Oui, ils vont voir autre chose de nous, quelque chose qu’on a choisit de montrer.
Corinne : Pour moi c’est une adresse aux collègues, aux personnes encore hospitalisées, en fait à toutes les personnes du pôle d’ailleurs. Montrer ce qu’on peut partager ensemble et quelles initiatives on peut porter en le faisant ensemble.
Marina : Si je comprends bien, j’entends davantage un désir de transformation, transformation du regard, des relations, du lieu…
Christian : Oui clairement, transformer en apportant autre chose dans le lieu.
Corinne : Oui et s’approprier les lieux, les revisiter.
Aimée : Pour moi c’est aussi donner de nouvelles significations au lieu.
Fabrice : Oui le lieu peut avoir plein de significations différentes.
Aimée : Ce qui est particulier c’est que pour le P.O.S.#2 il est question de parler de l’hôpital dans l’hôpital alors qu’au théâtre on parlait de l’hôpital mais en dehors.
Marina : Mais est-ce qu’on parle de l’hôpital ou on agit sur lui ?
Christian : Pour moi, c’est montrer qu’on est pas qu’une maladie, qu’on peut faire des choses ensemble, donc qu’on peut agir.
Didier : Oui, c’est insupportable d’entendre les journalistes toujours nous enterrer un peu plus.
Corinne : C’est peut-être aussi une manière de se réconcilier avec le lieu ?
Christian : Je ne sais pas si c’est possible. plutôt se réconciler avec son histoire, son vécu, en transformant le lieu.
Marina : On est davantage dans l’action dans le sens où on cherche finalement à imaginer des actions qui vont sortir le lieu de sa routine parfois mortifère. Faire en sorte qu’il s’y passe autre chose.
Didier : j’espère quand même qu’il y aura aussi quelques personnes de l’extérieur.
Fabrice : Moi c’est la première fois du coup pour moi que je vais performer. Mais pour moi depuis que je suis arrivé dans le collectif, c’est comme un bain duquel on veut plus sortir, l’eau est plus ou moins chaude mais on est quand même bien dedans (rires).
Didier : Ce qui m’embête c’est que tout le monde ne va pas pouvoir sortir des services d’hospi ce jour-là. J’espère qu’on trouvera des complices ce jour là pour ouvrir quelques portes.
Didier : Je me souviens quand on a monté la tempête de Shakespeare avec le GEM, les toubibs étaient étonnés qu’on retienne autant de texte (rires). C’est aussi montrer autre chose de nous.
Marina : Il y a une adresse aux soignants ?
Christian : Oui, ils vont voir autre chose de nous, quelque chose qu’on a choisit de montrer.
Corinne : Pour moi c’est une adresse aux collègues, aux personnes encore hospitalisées, en fait à toutes les personnes du pôle d’ailleurs. Montrer ce qu’on peut partager ensemble et quelles initiatives on peut porter en le faisant ensemble.
Marina : Si je comprends bien, j’entends davantage un désir de transformation, transformation du regard, des relations, du lieu…
Christian : Oui clairement, transformer en apportant autre chose dans le lieu.
Corinne : Oui et s’approprier les lieux, les revisiter.
Aimée : Pour moi c’est aussi donner de nouvelles significations au lieu.
Fabrice : Oui le lieu peut avoir plein de significations différentes.
Aimée : Ce qui est particulier c’est que pour le P.O.S.#2 il est question de parler de l’hôpital dans l’hôpital alors qu’au théâtre on parlait de l’hôpital mais en dehors.
Marina : Mais est-ce qu’on parle de l’hôpital ou on agit sur lui ?
Christian : Pour moi, c’est montrer qu’on est pas qu’une maladie, qu’on peut faire des choses ensemble, donc qu’on peut agir.
Didier : Oui, c’est insupportable d’entendre les journalistes toujours nous enterrer un peu plus.
Corinne : C’est peut-être aussi une manière de se réconcilier avec le lieu ?
Christian : Je ne sais pas si c’est possible. plutôt se réconciler avec son histoire, son vécu, en transformant le lieu.
Marina : On est davantage dans l’action dans le sens où on cherche finalement à imaginer des actions qui vont sortir le lieu de sa routine parfois mortifère. Faire en sorte qu’il s’y passe autre chose.
Didier : j’espère quand même qu’il y aura aussi quelques personnes de l’extérieur.
Fabrice : Moi c’est la première fois du coup pour moi que je vais performer. Mais pour moi depuis que je suis arrivé dans le collectif, c’est comme un bain duquel on veut plus sortir, l’eau est plus ou moins chaude mais on est quand même bien dedans (rires).
Didier : Ce qui m’embête c’est que tout le monde ne va pas pouvoir sortir des services d’hospi ce jour-là. J’espère qu’on trouvera des complices ce jour là pour ouvrir quelques portes.



_51_performance
[2021-2023]

︎[English below]
Un projet conçu et porté par Marina Ledrein et Jules
Ramage, lauréat du Prix Social Practice Arts 2022
Initialement intitulé Faille(s), le
projet _51_ est pensé en deux chapitres : un objet éditorial et une performance.
Conception de la performance : Collectif MOUVEMENT(s)
Avec la complicité chorégraphique de Nathalie HERVE
Avec le regard et les conseils de Pauline GUINARD, Daisy LAMBERT et Jules
RAMAGE
Performeur·se·s : Christian DACLINAT – Aimée DUBUISSON – Corinne DUTHEIL –
Marina LEDREIN – FABRICE NEUHANS – Jules RAMAGE
Création sonore : Fanny INGRASSIA – Benoit NAVARRET
Création lumière : Némo A. GAULON
Le documentaire sonore autour de la performance a été
réalisé par Nils LORET
︎DOCUMENTAIRE SONORE
Le corpus de remèdes collecté à la MAF de Fleury-Mérogis forme la base d’un travail performatif mené à l’hiver 2022-2023 avec Marina Ledrein et le collectif MOUVEMENT(s), composé par les soigné·e·s et les soignantes de l’hôpital psychiatrique Robert Ballanger.
Les performeur-euses du collectif répondent à chacune de ces stratégies de résistance et de solidarité, par la danse, le chant ou par l’apport de leurs propres récits, venant nourrir, en contrepoint ou en complément, les témoignages des femmes détenues.
Ce travail permet ainsi la confrontation des points de vue, depuis deux espaces d’enfermement, deux institutions de contrôle induisant des rapports divers au soin et au toucher. Il s’agit également de proposer l’activation d’un contenu de recherche co-produit et collecté à l’intérieur des murs de la prison, par un collectif de danseur-ses et performeur-ses issu de la communauté psychiatrique. En connectant ces récits de vie multiples, le projet permet l’élaboration d’une cartographie subjective des liens entre soin, contrôle et résistance ; il ouvre aussi la possibilité de prendre soin les un·es des autres à distance.

A project conceived and carried out by Marina Ledrein and Jules Ramage, winner of the Social Practice Arts 2022 Prize. Initially
titled Faille(s), the _ 51 _ project is divided into 2 chapters : an éditorial objet and a performance.
Performance design : Marina Ledrein and the collective Mouvement(s)
With the choreographic complicity of : Nathalie Hervé
With advices by Pauline Guinard, Daisy Lambert, Jules Ramage
Performers: the
members of the collectiveMouvement(s) : Christian Daclinat – Aimée Dubuisson - Corinne Dutheil -
Fanny Ingrassia - Marina Ledrein - Fabrice Neuhans - Jules Ramage
Sound design : Fanny Ingrassia, Benoit Navarret
Light design : Némo A.
Podcast : Nils Loret
The
corpus of remedies collected at Fleury-Mérogis women's prison forms the basis
of a performative work carried out in the winter of 2022-2023 with Marina Ledrein
and the collective Mouvement(s), composed of the treated and the caregivers of
the Robert Ballanger psychiatric hospital. The performers of the collective respond to each of these strategies of resistance and solidarity, by dancing, singing or by contributing their own stories, echoing the testimonies of women prisoners.
This work thus allows the confrontation of points of view, from two spaces of confinement, two control institutions inducing various relationships to care and touch. It is also about proposing the activation of research content co-produced inside the prison walls, by a collective of dancers and performers from the psychiatric community. By connecting these multiple life stories, the project allows the development of a subjective mapping of the links between care, control and resistance ; it also opens the ability to take care of each other remotely.




